Témoignage #14
A 15 ans, j’ai revu mon cousin (18 ans) que je n’avais pas vu depuis des années. J’étais contente, on s’est rapprochés à nouveau, on a échangé nos numéros, sauf qu’il a commencé à me draguer. J’avoue que j’étais sous le charme car il est très beau et on s’entendait vraiment bien donc finalement, c’est parti en échange de photos intimes sans que j’ai conscience de la gravité de cette relation. Notre grand-père est décédé l’été 201, j’avais alors presque 17 ans et lui 19. On s’est alors revus à l’enterrement, sans s’être vus entre les retrouvailles et l’enterrement. A l’enterrement, quand on était tous devant le cercueil, il me caressait les fesses. J’étais gênée de la situation mais en même temps, il m’excitait donc je me suis laissée faire mais sans être d’accord. On s’est revus une dernière fois après, quand on a vidé la maison de notre grand-père. On a alors dormi dans la même chambre. On était d’accord pour faire un peu de préliminaires mais c’est parti en n’importe quoi car je lui ai dis que je ne supportais pas les fellations et il savait pourquoi (j’ai subi un viol par gorge profonde). On discutait chacun dans notre lit et je ne savais pas qu’il se masturbait en même temps sous la couette, mais je sentais qu’il y avait un truc louche. Au moment d’éjaculer, il m’a littéralement pris la tête et m’a mis son pénis dans la bouche juste pour que je bouffe son sperme. J’étais sous le choc. Je ne m’attendais pas à ça. Surtout que même si à l’enterrement c’était limite, là c’était d’un tout autre niveau. Je me suis sentie vraiment dégradée à « bouche à sperme ».
J’ai continué à lui parler mais en mettant fin à quoi que ce soit de sexuel avec lui. Je me disais alors que c’était réglé sauf qu’un jour, mon petit ami avec qui je me suis mise peu après les événements n’aimait pas que je parle avec mon cousin. Pour lui, il n’avait pas changé mais il voulait me faire croire le contraire pour que je baisse ma garde. On a eu une grosse dispute donc j’ai voulu prouver à mon chéri qu’il avait tort en demandant à mon cousin « est-ce que tu as toujours des vues sexuelles sur moi? ». Et il m’a répondu que oui. Car je suis son objet de fantasme. J’ai donc décidé de le bloquer sur tous les réseaux pour qu’il ne puisse plus me manipuler.
Durant tout ce que je viens de raconter, j’étais totalement inconsciente de la gravité, que c’était du viol et des attouchements, car je me disais « oui mais c’est mon cousin et on s’est toujours bien entendu ». En fait, mon cerveau n’a pas voulu voir la réalité et donc je me suis accrochée à l’image ancienne de mon cousin beau et séduisant mais sans rien de concret, même après les nudes et le reste, j’étais totalement inconsciente.
Il y a deux mois environ, j’ai tout raconté à ma meilleure amie (jusque-là, seul mon chéri était au courant). Et cette amie qui a 34 ans m’a fait ouvrir les yeux d’un seul coup, c’était comme une évidence tout à coup. Que c’était juste un prédateur sexuel nocif pour moi, peu importe les liens familiaux. Je bénis vraiment cette amie et mon chéri. D’une part, ils m’ont empêché de me faire manipuler davantage par ce cousin. D’autre part, ils m’ont fait ouvrir les yeux sur la gravité des événements.
Aujourd’hui, j’ai 18 ans, j’ai des traumatismes sexuels de cette expérience qui s’ajoutent aux précédents viols. Je ne me reconnais pas d’avoir été si inconsciente alors que je ne suis pas naïve et que je fais très attention aux hommes. Mais j’accepte et je ne m’en veux pas d’avoir été inconsciente car je me dis qu’on ne décide pas vraiment de sa conscience. C’est mon cerveau qui a réagi de cette façon pour me protéger psychologiquement de la réalité.
Voilà, j’espère que mon témoignage sera utile. Je voudrais surtout que les gens n’aient pas la même pensée que moi de tout minimiser/pardonner, sous prétexte des liens familiaux. Car famille ou pas, ça n’apporte que de la souffrance. Aussi, je veux que l’on retienne que les attouchements même si j’étais mitigée quant à mon accord, sont du viol, car si on est mitigé, ce n’est pas oui. Si ce n’est pas oui, alors c’est non. Enfin, une pénétration orale n’est pas plus ou moins grave qu’une pénétration vaginale : les deux sont des viols. Point. Je dis tout ça pour que tout le monde arrête de discréditer les souffrances des victimes dans mon genre sous couvert de « t’as pas dis non », « ça va, c’était juste dans la bouche » et d’autres atrocités.