Inceste d'un cousin,  Victime/surivant.e

Témoignage #11

Enfant, nous étions souvent chez notre grand-mère et l’odeur du café chaud qu’elle déposait sur la table de nuit  me procurait un immense bonheur, un bien-être et un sentiment de plénitude que je n’ai jamais eu la chance de retrouver ensuite, je ne sais pas à quel âge mon cousin a commencé à introduire son sexe dans le mien, je sais que c’était souvent, je lui disais que cela me faisait mal, il continuait … j’étais son objet sexuel, il n’avait qu’un an de plus que moi et il me faisait mal !!! Je n’ai rien dit … L’emprise mentale est très importante dans les cas d’inceste J’en ai parlé à Maman lorsque j’avais 18 ans et elle m’a demandée « Pourquoi n’as-tu rien dit ?? pourquoi t’es-tu laissée faire ? C’est fou, il t’a fait ça !!!!» Elle n’a rien dit à mon père  …. Mon père aurait réagi  différemment… peut-être …. Si je n’ai rien dit, c’est probablement parce que mon cousin m’avait interdit d’en parler et hormis le fait que je n’aimais pas son jeu, je ne savais pas que c’était mal de faire cela …. ou alors j’ai tout oublié  … On jouait aussi aux billes et on faisait avancer les cyclistes, lui était Anquetil, j’étais Poulidor ….. J’étais une enfant qui n’aimait pas manger, je ne mangeais rien, mes parents étaient catastrophés et j’avais peur des maladies. Chaque soir, j’allais dans ma chambre avec un morceau de pain et de fromage pour être moins maigre. J’avais beaucoup de tics, je clignais mes paupières, je toussais de façon compulsive, j’allais à l’école, chaque jour, avec un mouchoir blanc et je mettais ma salive pour vérifier s’il n’y avait pas de sang. 

A l’école, j’étais une enfant perturbée et préoccupée par ma personne, j’avais des migraines ophtalmiques terribles, je ne voyais plus rien, c’était effrayant pour moi. 

Mon adolescence a été relativement heureuse, j’avais des amies merveilleuses et on riait beaucoup, nous sortions, nous allions danser, on faisait du stop pour se déplacer partout. Mes parents ne parvenaient pas à me gérer, j’attendais qu’ils dorment pour partir, pour sortir de chez moi et nous rentions très tôt le matin. J’adorais flirter avec les garçons et je choisissais les plus beaux, mais si l’un d’entre eux tentait plus d’intimité, c’était impensable !!!  

A l’âge adulte, je suis rapidement tombée dans la dépression, un état de stress traumatique, des crises d’angoisse, des crises de panique, des cauchemars, des phobies, des TOCS, des difficultés dans mes relations amoureuses, honte de mon corps, une estime de moi au plus bas, une dépréciation de ma personne, une dépendance affective, j’avais quitté mes parents et j’étais perdu sans eux, des idées suicidaires par phases, l’impression souvent d’être vide comme une coquille, ou d’être perdue. une fatigue chronique, J’ai commencé à rencontrer un psychiatre qui m’a prescrit antidépresseurs et anxiolytiques tellement mon état d’anxiété m’était insupportable, invivable. Cela fait 50 ans que j’avale ces tranquillisants pour me sentir moins morte de l’intérieur,

hélas une indéfinissable déprime me hante jour et nuit … 

Lorsque j’ai eu ma fille Anne, je ne pouvais pas lui donner son bain lorsque j’était seule, j’avais trop peur de lui faire du mal, de la noyer, de commettre un acte violent, malgré moi, je pensais que j’étais folle, j’avais des obsessions qui me glaçaient le sang et me plaçaient dans une telle détresse émotionnelle….. j’avais une peur épouvantable des couteaux … Mon psychiatre de Versailles, Jean-Philippe Lenoir m’a beaucoup aidée vis-à-vis de ces phobies d’impulsion.