Témoignage 3
Ses étreintes et gestes déplacés à mon égard ont commencé très tôt. J ai du mal à définir l’âge que j avais, peut-être 8-10 ans.
Cela a duré plusieurs étés, certainement jusqu’à mes 15 ans.
Je n’ai pas tout de suite compris mais je sentais sa perversité. Je me souviens clairement du premier acte. Je jouais dehors un soir d’été pendant que les grands étaient à table. Il est sorti me rejoindre et m’a prise fort dans ses bras. J’etais trop serrée et il m’a légèrement soulevée. J’avais cette impression de sentir son entrejambe. Son visage et ses lèvres collés à ma joue. Ce n’était qu’un calin mais c’était gênant, oppressant, étouffant. Un oncle ne caline pas comme ça.
Les gestes ont continué. Il passait me dire bonne nuit dans mon lit mais faisait toujours en sorte que son bisou « dérape » légèrement sur ma bouche. Est-ce que j’extrapolais ou interprétais mal ses calins ou bisous ? Je n’aimais pas cela. J’étouffais.
Si je me trouvais seule, il me rejoignait pour me serrer dans ses bras, glisser une main sous mon t-shirt, me carresser le dos, le ventre, les seins…. C’était une question de quelques secondes ou minutes. Cela me semblait une éternité. Je le fuyais pourtant, il me suivait dans notre maison de vacances communes.
Chaque été, des gestes plus francs, il me plaquait rapidement contre un mur si on se croisait seul à seul. C’était l histoire d’un calin serré, forcé, déplacé, incestueux. En grandissant je me débattais un peu plus, je lui disait stop, arrête. L’histoire de quelque secondes, son corps contre le mien, puis il me laissait partir. Il m’étouffait. Une main sur ma cuisse sous la table, une main sur la mienne en voiture, une main carressant mes fesses. Je n’étais qu’une enfant. Je me taisais. Parler ? A qui ? Allait-on me croire ? Tout le monde l’adorait, moi personne ne m’écoutait. J’aimais ma tante, j’aimais mes cousins. Je ne pouvais pas détruire leur famille. Un jour, ça s’est arrêté. Les « stop , laisse moi tranquille » d’une adolescente, presque adulte, ont eu raison de lui. Il a arrêté. Et je n’ai jamais rien dit.